C’est une injonction citoyenne à laquelle plus aucune collectivité territoriale ne peut désormais se soustraire : prendre en compte l’impact environnemental dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation de son action. Vertigineux changement, car il n’y a pas si longtemps encore les indicateurs financiers trônaient seuls au sommet de ce qui caractérise la bonne gestion. Cette prise en compte de la question environnementale n’est en réalité que le dernier étage d’une fusée intégrant la responsabilité sociale et la maîtrise du patrimoine. Longtemps focalisées sur leurs seuls flux financiers annuels, les collectivités réfléchissent désormais à leur préservation et la valorisation de leur capital, sous toutes ses formes et dans toutes les appréciations du terme. Et se pose donc la question suivante : que se passera-t-il après-demain si nous continuons dans cette voie ?
Si ce nouveau paradigme bouleverse les objectifs de développement et de dépenses, nos ressources sont elles aussi plus que jamais questionnées : comment articuler assiette foncière et lutte contre l’artificialisation des sols, dynamisme des droits de mutation et modération des loyers, taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques et modes de transports peu polluants ? La préparation budgétaire doit-elle dépasser le vieux principe d’annualité pour prospecter sur un temps long et sur des données extra-financières souvent difficiles à appréhender ? Les responsables du contrôle de gestion, interne ou externe, doivent s’adapter pour pouvoir accompagner aux mieux, avec outils et méthodes, services et partenaires dans ce nouvel exercice. Les évaluateurs, peut-être un peu mieux préparés à cette révolution cognitive de par la navigation dans le temps que requièrent leurs fonctions, contribuent également à cette transition. Ce sont peut-être les manageurs pour qui l’exercice demeure le plus difficile : par exemple, comment concilier rémunération au mérite annuelle et logique de carrière incitant à la mobilité professionnelle avec ce souci d’un temps long qui, par nature, sera parfois orthogonal aux intérêts de court terme ?
Comprendre notre environnement et notre influence sur ce dernier, c’est une première étape pour mieux appréhender les évolutions à venir. Ces 27e Assises seront l’occasion d’évoquer cette transformation visant, « enfin ! » diront certains, à préserver l’intérêt général au prisme du temps long.
Pascal BELLEMIN, Président de l’AFIGESE